Histoire

Je m'appelle Phoebe Monica Hawks. Je suis née il y a vingt neuf ans de cela. C'était en Mai ; le quinze ; 1984, à Londres. J'étais entourée d'une famille agréable, qui se prenait jamais la tête... Du moins, je le croyait. C'est à mes six ans que tout changea. Ma mère fut morte le 31 Octobre 1990. Et je m'en souviendrai toujours. Contrairement à mon père, j'étais auprès de ma mère quand elle décéda. A côté, je lui tenais la main... Et lui murmura avant qu'elle ne meurt : « maman, je t'aime ». Les infirmières m'obligeaient à lâcher ma mère tandis que je fondis en larme. Je gardais sa main bien dans la mienne, ayant peur qu'elle s'en aille. Pour toujours. Puis, les infirmières m'aidèrent à me relever, ainsi qu'à rejoindre mon père venant d'arriver en retard. Je ne pouvais absolument pas lui en vouloir. Il était pompier. Donc, forcément, même si dans son travail il devait arriver à temps, je comprendrais qu'il n'en eût pas assez pour son épouse. Je m'étais jetée dans les bras de mon père. Lui ne pleurait pas. En fait, depuis toujours, je ne l'ai jamais vu pleurer. Peut-être n'aimait-il tout simplement pas maman...? Enfin... Qui ne pourrait pas l'aimer ? C'était une si jolie femme ; rousse, les yeux marrons-verts très, très clairs, au sourire envoûtant... Elle était aimée de tous. Mais j'avais ce jour-là l'impression que mon père ne l'aimait pas sincèrement.
Depuis la mort de ma mère, j'en fais des cauchemars. Ça m'obsède. Vous vous imaginez... Pendant vingt neuf ans, chaque matin et chaque soir, je fais ce terrible cauchemar. Qui parait réel... Dedans, je revis la scène où ma mère meurt et où je vois mon père avec un sourire sadique aux lèvres, couteau en main. En fait, je ne la revis pas vraiment. C'est la mort de ma mère, mais... Différente. Transformée. Et mon père est la cause de tout ça. C'est lui le tueur. Je ne lui est jamais parlé de ça. Je lui est juste raconté mes cauchemars. Enfin, je lui disais à chaque fois que je revoyais ma mère à l'hôpital, pas qu'il enfonçait une dague dans la poitrine de sa défunte épouse... Il m'a prit pour une folle. Il m'a obligée à aller voir un pédopsychiatre. Celui-ci m'a dit que j'avais un problème du cerveau. Pourquoi moi ? Je n'avais rien d'anormal ! J'ai juste perdu ma mère et j'en fais même des hallucinations ! Et ce fichu docteur que je suis allée voir m'a dit de me faire opérer de la cervelle. Pour mon bien, apparemment. Me faire opérée lors qu'à l'époque je n'avais que dix ans. Mais, mon père gentil toutou du pédopsychiatre, il m'obligea encore à une chose. M'opérer du cerveau, bien entendu. J'avais beau m'acharner, j'y était contrainte. Je le déteste. Faire ça à sa propre fille... C'est dégoûtant. Inadmissible. Et ça le dérangeait pas. Ah, bha, oui, c'est pas lui qui était à ma place lorsque les médecins m'ont ouvert le crâne. Heureusement que j'étais endormie, sinon, j'aurai crier. Même si, au plus profond de moi, je hurlais pour lutter. Et rien ne sortit de ma bouche. Endormie si profondément qu'on ne peut qu'être réveillé après... Imaginez la scène, quoi !

Là, on pouvait me dire que j'étais folle. Parce que je l'étais, bien évidement. Mais depuis l'opération, je ne suis pas totalement la même. D'origine, je n'ai jamais rien perdu. Là, depuis mes dix ans, je suis Alzheimer. Je fais une chose, je l'oublie peu de temps après. A l'école, j'étais suivie par des vigiles. Au cas où je ferai une crise d'angoisse. Depuis mon plus jeune âge ; et encore maintenant ; je stress énormément. Sans trop en savoir la cause. Peut-être que, mon père ne me rassure pas très bien avec "ses hommes" qui me suivaient partout où j'allais pour pas m'énerver sur quelqu'un... C'était sûrement en parti pour ça.
2003, j'ai dix-neuf ans. Je n'arrive toujours pas à me contrôler. Mais je fais avec. Mais c'est pas ça qui m'a marqué en cette année. C'est le fait que j'ai été prise en stage, alors que personne ne voulait de moi. Surtout que, ce stage, j'y tenait à cœur. C'était pour devenir ce que j'ai toujours voulut être : professeur de mathématiques. Beaucoup n'aime pas cette matière ; tandis que moi je l'adorait et je l'adore toujours. Juin 2007, embauchée entant que professeur de mathématiques. Je sautais de joie à cette nouvelle que je voulus partagée avec mon père. Mais j'avais oublié notre dispute sur le fait que j'ai supplié ses vigiles de me suivre. J'avais perdu tout contact avec ma famille. Je ne ressentais plus rien. Je venais de perdre toute joie d'avoir eût le poste que j'ai toujours voulut. 2013, aujourd'hui. J'ai vingt neuf ans, toujours professeur de mathématiques, toujours sans contacts, toujours... Seule. Les personnes avec qui je passe le plus de temps ne sont que mes élèves. Je devrais être contente, je suis autant aimée que ma mère à l'époque. Il faut dire que j'avoue être une prof sympa. J'accepte les chewing-gum en classe, j'accepte qu'ils papotent -mais un peu, sinon je...hurle- mais... Je déteste énormément quand ils se balancent sur leur chaise. C'est insignifiant. Désagréable. Et on sait quand il le font. Parce que tout l'établissement m'entend. Et avec leurs têtes ahuries... Ils me font rire. Et surtout, leurs excuses... L'autre jour, pour allée au lycée, j'avais pris le bus. J'ai vu un de mes élèves qui ne m'avait pas vu. En classe, celui-ci était en retard. Vous savez ce qu'est- son excuse ?! « Désolé, mademoiselle... J'ai raté mon bus ! ». Alors, je hurle, je hurle... Je me retourne pour écrire au tableau, me re-retourne et fait copain-copain avec mes élèves. Après tout, seul eux m'apportent de l'affection... Mais ça m'attriste que je sois devenue comme mon père, une insensible à tout sentiment. Moi qui détestait ça... Me voilà cette "chose" qu'était mon père. Et je regrette, je regrette... Mais je ne peux rien y faire. Et croyez-moi, quand on veut agir et qu'on peut rien faire pour, c'est vraiment une sensation cruelle.