Histoire

- Comment est-elle rentrée dans ma vie ? Lors du drame qui causa la perte de maman. Comment s'appelle-t-elle ? Rosaline. À quoi elle ressemble ? Je dirai ma copie conforme en brune et avec beaucoup plus de caractère. Qui est-elle pour moi ? Mon pilier, ma sœur, ma confidente, ma perte, ma seule amie, un mélo de souvenirs bons comme mauvais, une moitié, ma moitié, une partie de moi, mon double, ma jumelle.

- Vous voulez qu'elle vous raconte cette histoire hein ? Vas-y Jay, dis à ces fils de putes ce qui les fais triquer, ils n'attendent que ça.

- Calme toi Rose, ils ne nous veulent aucun mal.. Très bien, tout a commencé à San Diego ma ville natale, où j'ai vécu une enfance paisible et tranquille avec mes deux parents jusqu'à l'âge de huit ans. Nous habitions une grande maison logée sur une falaise d’où nous avions une superbe vue sur l’océan Pacifique. J'avais des amies, des parents aimants, une bonne éducation, de bons résultats scolaires pour mon niveau et ma maîtresse avait même demandait à mes parents de m'inscrire à un concours de QI. Ce qu'ils n'ont jamais voulu faire, car pour eux je n'étais pas une bête de foire que l'on devait regarder se torturer les méninges face à d'autres petits génies. Les années ont suivi et les choses sont restées semblables jusqu'à ce que j'atteigne l'âge de sept ans. Cette année fut pour moi l'une des plus mauvaises et des plus marquantes jusqu'à ce jour. Tout allait si bien puis.. Ma mère tombe malade, les résultats du diagnostique arrive, un cancer incurable, mon père est triste, il pleure, je ne comprends pas pourquoi maman perd ses si jolies cheveux longs. Que voulez-vous dire à une gamine de sept ans, lorsque l'on sait que l'être qui lui est le plus cher, celui qui l'a mise au monde va décéder avant qu'elle est eue le temps d'entamer son adolescence ? Rien. On ne peut rien lui dire et je pense que c’est encore pire de ne rien savoir et d’être traumatisée à vie par ce que l’on voit après. Enfin, par ce que j’ai vu moi. Plus les jours ont passé et plus maman était mal, parte de cheveux, teint gris, tremblement, faiblesse, perte de mémoire et j’en passe. La maladie était devenue si forte au bout d’un moment que je n’avais plus le droit de la voir. Sans doute pour ne pas que je garde en souvenirs une dernière image d’elle souffrant le martyr et luttant pour sa vie. Elle-même ne l’aurait pas voulu. Lors de mon huitième anniversaire, elle avait eu la permission de rentrer à la maison, mais sous la garde d’une infirmière. Elle avait été maquillée afin de cacher la misère, mais son mal était toujours présent et c’était une chose qui ne pouvait être malheureusement pas dissimulée. Je ne savais pas encore que c’était la dernière fois qu’elle allait me voir souffler mes bougies et encore moins une des dernières fois que j’allais la voir. Trois jours plus tard.. Trois jours plus tard..

- Laisse moi leur raconter, tu te fais du mal pour rien Jay.. Ta mère n’en vaut pas la peine, elle a été égoïste et a décidé de te laisser seule livrer à toi-même avec un père qui devenait chaque jour un peu plus timbré par le proche décès de sa femme négligeant ainsi sa fille tant chérit par le passé.

- Tais-toi ! Maman n’était pas égoïste et c’est de ma faute si elle est morte ! C’est de ma faute..

- Non ça ne l’ai pas, alors arrête de pleurer s’il te plait.. Je vais vous le dire moi, ce qui est arrivée à sa mère. Trois jours après l’anniversaire de Jay alors qu’elle était dehors en train de jouer dans l’herbe toute seule avec ses poupées, sa mère a trouvé bon de se jeter de la falaise sous les yeux de sa fille impuissante. S’en est suivit tout un bordel, son père a été interné en hôpital psychiatrique, Jay a été placée en famille d’accueille où il y avait quatre autres enfants. Le couple l’affectionné tout particulièrement, mais leurs pensionnaires la détestaient et la trouvait bizarre, car elle n’avait pas prononcé un mot depuis le drame. C’est comme ça qu’elle m’a rencontré, j’étais moi-même une des quatre enfants et la seule qui voulait bien jouer avec elle.

- Oui la seule.. Nous restions toujours ensembles, nous jouions ensembles, nous dormions ensembles, mais elle ne venait jamais avec nous lorsque nous sortions tous ensemble ou ne mangeait pas avec nous non plus. Je me suis d’ailleurs toujours demandée pourquoi les membres de cette famille ne te réclamaient jamais, à croire qu’ils n’en avaient rien à faire de toi. Après sept mois passées dans cette famille, j’ai commencé à reparler, mais seulement à Rosaline. J’avais besoin de me confier à elle, c’était ma seule amie, la seule sur qui je pouvais compter, chaque fois que je pensais à elle ou que j’avais besoin d’elle, elle était là, comme si elle était tout le temps dans l’ombre et sortait de nulle part. Peu de temps après le couple a insisté pour que je vois un psy m’entendant parler la nuit alors que je ne prononçais pas un mot en leur présence. Cela n’a pas servi à grand-chose, car je ne me suis pas plus ouverte à lui qu’à eux, alors ils ont abandonné. Je suis restée six ans chez eux, je suivais une éducation exemplaire et j’avais toujours d’aussi bons résultats à l’école. Un jour la famille ne pouvait plus m’avoir à leur charge, alors mon oncle et ma tante se sont chargés de me récupérer et cela a changé un truc en moi, car j’ai commencé à reparler ouvertement.

- Moi je me suis échappée de chez les Wilson, ils ne se souciaient pas de moi de toute façon et je pouvais rester avec Jay chez son oncle et sa tante tant que je le voulais, ils n’ont jamais rien dis, j’étais comme un fantôme, ils me disaient parfois bonjour ou me racontaient n’importe quoi, car Jay le leur demandait, mais jamais ils n’arrivaient à me regarder dans les yeux.

- Les années ont passé, puis après cinq ans, mon oncle a été muté dans une petite ville à 250km de San Diego du nom de Beacon Hills. Ca ne fait que deux semaines que nous sommes là, et je n’ai pas encore eu le temps de rencontrer beaucoup de monde. J’ai fais ma rentrée au Beacon Hills High School et si on met de côté l’attaque des corbeaux dans ma classe, elle s’est plutôt bien passée, même si je n’ai pas osé parler à d’autres élèves. De toute façon, je savais que je pouvais voir Rose en intercours comme nous ne sommes pas dans la même classe, et elle me suffit amplement.

- Nous avons grandi ensemble, je l’ai toujours soutenu, je suis comme la sœur qu’elle n’a jamais eue et on ne changerait ça pour rien au monde. Alors le premier qui dit quelque chose sur notre relation, je l’étripe c’est compris ?