Histoire

« Rose, va dans ta chambre. » J'étais jeune encore, mais je savais que quelque chose n'allait pas. Je voyais ma grande soeur affolée. Elle avait fait irruption plus tôt dans la maison, elle n'habitait plus avec nous, elle était déjà mariée avec un homme. Je ne la voyais plus trop. Lorsque je l'avais entendu arriver et appeler notre père j'étais immédiatement descendu pour la voir. Elle m'avait alors attrapé par la main et m'avait tiré vers elle. Lorsque papa était arrivé, il m'avait dit d'aller dans ma chambre, mais ma soeur avait refusé. « Je ne te laisserais pas lui faire vivre un enfer. Elle part avec moi et John. » Je ne comprenais pas vraiment, mais je sentais la tension. « Et que diras-tu aux gens ? Qu'elle est ta fille ? » Notre père ne voulait pas en démordre. « Elle fera une excellente grande soeur pour Genim. » Je regardais le combat s'opérer. Genim était mon filleul. Il était tout petit et je prenais mon rôle de tatie très à coeur du haut de mes huit ans et demi. Bien que je ne comprenne pas la discussion, je savais que cela avait à voir avec le travail de nuit de papa. « Tu nous as déçu en abandonnant et je compte sur Rose pour te remplacer. C'est ainsi depuis des générations et tu ne pourras rien y changer. Nous sommes trop vieux pour avoir de nouveaux enfants. » La conversation s'était éternisée, mais je n'avais pas pu suivre ma soeur. Elle s'était retrouvée à la porte et moi j'avais été enfermée dans ma chambre. Je me souviens avoir beaucoup pleuré, avoir eu un sentiment que je ne la reverrais plus ou que cela ne tarderait pas. Les jours passaient et j'avais le droit de voir Genim, il grandissait et moi aussi. Mais plus les années passées, plus je passais du temps avec mon père. Je ne voyais plus ma soeur et son mari et encore moins Genim.

À l'âge de douze ans, je perdais ma soeur. Mon père ne tardait pas à mourir à son tour, tué par la même créature. Pourquoi cette dernière avait-elle tué ma soeur ? Pourquoi avait-elle fait en sorte que cela ressemble à un accident ? Pour narguer notre père peut-être... Quoi qu'il en soit, John s'était rendu compte que quelque chose clochait et avait demandé à ma mère de partir. Je n'avais même pas eu le temps de dire au revoir à Genim et dieu sait à quel point je m'étais attaché à lui. Nous nous étions installée à San Fransisco. Ma mère n'avait pas cessé mon entraînement, me bourrant le crâne sur les loups-garous et leurs férocités. Ils ne méritaient pas de vivre, ils avaient tué ma soeur et mon père, rien de bon ne résultait de leur présence, de leur création. J'étais endoctrinée et je n'étais pas prête de changer d'avis. Je ne vivais que pour venger mes pertes. C'était une motivation que ma mère m'avait enseignée. Elle vivait pour cela aussi, mais elle était déjà bien vieille et elle mettait tous ses espoirs sur moi. Au début, je ne pensais pas avoir les épaules pour cela et puis je me suis rendu compte que j'étais relativement douée pour ça, même si je tuais aveuglément. Je pensais souvent à Genim, j'avais une photo de lui alors qu'il était âgé de deux ans. Aujourd'hui, il devait avoir grandis. Je m'étais toujours dit que si nous étions restés à Beacon Hills, nous aurions été très proches. J'en voulais à John. J'avais d'ailleurs appelé ce dernier plusieurs fois pour lui demander des nouvelles, mais John avait refusé le contact et j'étais quasiment certaine qu'il avait intercepté les lettres que j'avais envoyées à mon filleul.

Quoi qu'il en soit, ma mère, déjà bien âgée, était morte cette année et je n'avais plus de familles à San Fransisco. Je voulais renouer avec John, il était tout de même mon beau-frère, même si sa femme était morte. Je voulais revoir Genim, voir s'il ressemblait à sa mère. J'avais décidé de faire le voyage jusqu'à Beacon Hills. Arrivée là-bas, je me rendais au Lycée et demander si Genim Stilinski était présent. La dame de la réception me regardait étrangement. « Vous voulez dire Stiles ? Je ne connais qu'un Stilinski qui soit dans ce lycée et il s'appelle Stiles. » Je partais alors. Furax. Je me rendis au bureau du shérif, car je savais que John y serait. « Bonjour mademoiselle, que puis-je faire pour vous ? » Je le regardais dans les yeux. « Tu ne me reconnais pas John. Pourtant, je lui ressemble... » Il avait compris et avait changé d'attitude. « Je t'ai demandé de ne jamais revenir ici. » Il m'attrapait par le bras et me traînait ailleurs. « Je ne te laisserais pas m'éloigner de ma seule famille John ! Mon père est mort, ma mère est morte et ma soeur aussi ! ». Il avait pointé son doigt sur moi, un doigt menaçant. « Je t'interdis de t'approcher de mon fils. » Un air de défis sur le visage, je lui lançais. « C'est ce qu'on verra John ! Genim a besoin de moi. » Je me retournais et quitter le bâtiment. J'avais appris qu'une meute de loups-garous vivait à Beacon Hills et qu'une autre, bien plus dangereuse s'y était établi. Il était hors de question pour moi que je laisse Genim dans ce foutoir.