La nuit avait été mouvementée. Pour dire vraie, depuis l'agression, toutes les nuits l'étaient. Je ne dormais quasiment plus et les rares fois où j'y parvenais, je me réveillais en hurlant. Les cauchemars, je finirais probablement par m'y faire. Par apprendre à vivre avec. Mais les draps en lambeau risquaient de devenir un problème. Je n'allais tout de même pas passer mon temps à en acheter de nouveau. Surtout, que la nuit dernière avaient été différente. Premièrement, je n'en gardai quasiment aucun souvenir. Et, deuxièmement, cette fois il n'y avait pas que les draps qui en avaient pris pour leur grade. Les murs de la chambre portaient des marques de griffures. C'était comme si une bête sauvage enragée s'était déchainé sur les murs. Et, même si je ne voulais pas le croire, mon instinct me disait que cette bête, c'était moi. A cette pensée, je déglutis difficilement et secouai la tête de gauche à droite, comme pour chasser cette idée de mon esprit. Après un long moment à rester immobile sous ma douche, je finis par réagir. Je coupai l'eau et sortait. Il fallait que j'aille en ville. Depuis mon arrivée, j'avais limité mes sorties au maximum, restant terrée à la maison à tourner en rond et à ruminer les récents événements. Et croyez-moi, cela n'arrangeait rien. C'était même pire, j'avais l'impression de devenir folle. Il était temps, que je reprenne le dessus. Si la décision de partir de Los Angeles était déjà un premier pas, elle ne suffirait pas à résoudre tous mes problèmes. Je devais réagir.

Je m'habillai donc en vitesse, décidait à ne pas trop traîner avant de partir. Mais, ça c'était sans compter sur les cartons de déménagement posés ici et là, un peu partout dans la maison. Trouver des chaussure se révéla être un véritable défi et pourtant avec le nombre de paire que je possède cela ne devrait pas. Il faut préciser qu'en emballant mes affaires à la va-vite, la nuit avant mon départ j'avais omis de noter ce que contenait chaque carton ou même dans quelle pièce se rangeait ce qu'il contenait. Résultat des courses : un bordel innommable. J'avais mis près d'une demi-heure à trouver une paire de chaussures, qui se trouvait tout à fait logiquement dans un carton qui avait atterri dans la cuisine. C'était décidé, à mon retour je déballerais les cartons. Une fois habillée, je fis une liste rapide et non exhaustive, de ce dont j'avais besoin : nourriture, boisson, draps, outils, peinture, un truc pour reboucher les marques dans les murs, des outils, un livre de bricolage, des croquettes pour le chien et bien sûr des bouquins sur les mythes et légendes ou encore sur les créatures fantastiques. Bref, la liste de course de Mr et Madame toutlemonde, quoi. Comment ça non ?!

Plus d'une heure après avoir pris la décision d'aller en ville, je partais enfin. Il ne me fallut pas plus de dix minutes pour arriver dans le centre de Beacon Hills. Je garais la voiture à une place stratégique à mi-chemin entre le magasin de bricolage et le supermarché, et à quelques pas seulement de la librairie. Après être restée un petit moment immobile derrière le volant, je respirai profondément et me lançai. Il était temps d'affronter le monde ou plutôt les gens et les contacts éventuels. Je me promettais intérieurement de garder mon calme en toute situation et de tout faire pour n'égorger personne, avant d’allumer une cigarette en prenant la direction du magasin de bricolage.